mercredi 5 juin 2013

Réaménagement des berges de l'Ill, couronnement d'un centre-ville humain, oxygéné et attractif


Depuis près de vingts ans Strasbourg se distingue pour la préservation du dynamisme économique de son centre ancien. La Grande Ile est une entitée patrimoniale unique, mais aussi une réussite urbaine exemplaire. Un centre-ville médiéval qui concentre emplois et activités dans une grande harmonie architecturale, paysagère et de mobilité. Un centre-ville médiéval qui n'a pas connu l'asphyxie. Et c'est par un choix étonnant pour l'époque, qui surprendrait encore dans bien des villes : la majeure partie de la voie publique aux piétons et aux cyclistes, structurée par un efficace réseau de tramway. Des voies pénétrantes sont préservées pour la desserte automobile. C'est une réussite totale. Et c'était un pari fou. Mais tellement sage pour la santé de notre ville.

Humanisation de la ville

Aujourd'hui, l'agencement du centre-ville tel que nous le connaissons semble totalement logique. Qui se souvient de la Place Kléber comme du giratoire majeur du centre-ville, où se côtoyaient chaque jour 45 000 véhicules ? On annonçait la mort du centre-ville : la disparition des voitures en centre-ville c'est la fin des commerces, des emplois, des restaurants, etc... Force est de constater qu'on a pas besoin de la voiture partout, et que le développement de certains secteurs urbains, particulièrement les centres anciens denses, passe par une « humanisation » des espaces, au détriment de l'automobile. A condition de créer une interface qui permet d'accéder au centre-ville en passant aisément de la voiture à un autre moyen de transport, dit "doux". Aisément implique facilité et rapidité.

Le chemin parcouru a été concluant, tout le monde s'accorde pour dire que la Grande-Ile fait partie de ces centres urbains où il fait très bon vivre. Un centre-ville humain, convivial, sans voitures, mais complètement vivant et attractif, car accessible ! Cependant, Strasbourg (comme la plaine du Rhin Supérieur), par sa situation géographique et climatique particulière, reste polluée. Strasbourg est la seconde ville la plus polluée en France après Marseille. On peut être fier du travail accompli jusqu'à aujourd'hui, mais ce qui est évident, c'est qu'il faut prolonger cette logique. Et on franchit progressivement les échelons, sans chasser entièrement la voiture, ce qui serait une erreur. Ainsi, la place du Château, la place Saint Thomas et le Secteur Saint Étienne vont passer de lieux de transit à lieux de vie. La Place du Château, dévalorisée par la voiture jusqu'en 2010, deviendra c'est certain, une des places les plus prestigieuses, emblématiques et fréquentées de la ville. Ce qui n'a jusqu'à aujourd'hui jamais été le cas. C'était un vide résiduel. Bientôt elle fera partie des lieux incontournables.



En vue de l'aménagement de la totalité de l'hyper-centre, en tentant de tendre vers un milieu urbain « 0 CO2 », on pense à un axe oublié par cette logique. Il existe en effet un endroit en plein cœur de la ville où piétons et cyclistes n'ont rien pour eux. Il est dangereux pour les non-automobilistes d'y circuler. On peut vraiment en dire que les usagers s'y bousculent. Il s'agit bien sûr des quais Finkwiller, Saint Nicolas et des Bateliers. C'est un exemple de mauvais partage de la voie publique. Il n'est pas forcément utile de piétonniser entièrement cet espace, mais de le repenser, à la manière des zones de rencontres: priorité aux piétons et aux cyclistes.

Un aménagement qui définit les traits de la ville du XXIe siècle: la ville à vivre et non plus pour vivre

Ce projet me tient à cœur depuis des années et il est temps d'introduire le débat ! Qu'est ce que la voiture, en ces proportions, fait encore en plein cœur du secteur sauvegardé (alors que pour desservir le centre-ville en voiture, il y a déjà des voies pénétrantes, et sachant qu'il est possible de créer un itinéraire de déviation) ? Ne peut-on pas envisager une ligne de Bus à Haut Niveau de Service reliant les Tram BF, AD et CEF de la station Musée d'Art Moderne à Gallia ? A t-on pleinement conscience que ces quais présentent un point de vue remarquable sur le paysage urbain de la Grande Ile dominée par Notre Dame ? Si les Champs Élisée forment l'axe monumentale de prestige de Paris, ces quais forment la voie monumentale de prestige de Strasbourg ! Va t-on enfin penser aux piétons et aux cyclistes sur cette voie ? Ne serait-il pas envisageable de profiter de l'eau en l'intégrant pleinement à la ville, en valorisant la vue sur le vieux Strasbourg et en créant un nouveau lieu de vie urbain ? La ville tourne toujours le dos à sa rivière alors qu'il faut créer un dialogue : pontons, gradins, lieux pour se prélasser, … Cette voie est complètement négligée. Le long des façades, on peut aisément imaginer que de belles terrasses débordent sur la voie, pour l'animer. Aujourd'hui les étroits trottoirs ne permettent pas cette vie. Allons plus loin : des aires de jeux, des fontaines, des sculptures. Strasbourg ne voulait elle pas mettre au point un chemin des droits de l'Homme rythmée par les Statues de grands hommes et femmes ? Le pauvre Gandhi se trouve bien isolé place de l'Etoile... Ce chemin si on le prolonge, mène d'ailleurs vers les institutions européennes.

On peut évoquer la remarquable transformation des quais de la Garonne à Bordeaux, qui sont à une tout autre échelle, mais qui offrent un lieu de vie harmonieux, où les terrasses et les gradins vers l'eau permettent de s'arrêter, contempler, se retrouver. On peut imaginer un parcours ponctués d’œuvres d'arts, plus de végétation, des pontons au bord de l'eau... Une promenade urbaine mettant en scène la ville, où on ne fait pas que passer mais où on vit et où les déplacements sont garantis et structurés par des bus silencieux !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire